C'est l'histoire d'un connard, qui essaie de ne plus en être un ! Je vous passerais la partie "je vois le jour dans une famille heureuse, joyeuse, parfaite" blablabla, qui est sans intérêt et totalement fausse et je vous dirais uniquement que ma mère, cette femme adorable, était une jeune étudiante française, fraichement arrivée à Austin aux États-Unis, quand elle rencontra mon père, Texan pure souche, magna du pétrole en devenir (et macho). Elle tombe sous son charme, c'est le coup de foudre, elle l'épouse avant la fin de son année à l'étranger, tire un trait sur sa vie en France et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, un seul en réalité, moi : Deaclan Isaac Gribble. Oui oui, Gribble. Vous comprendrez pourquoi.
Mon enfance est sans éléments super-intéressants, je dirais juste qu'elle est normale, avec une mère ultra présente et un père ultra-absent (apparemment, on ne peut pas avoir les deux). À l'adolescence, les choses se compliquent un peu. J'apprends que pendant plus de 16 ans, mon père avait une autre famille, une autre femme à aimer et une fille, avec qui il passait le plus clair de son temps. Ma mère faisait tout pour lui, elle aurait donné sa vie pour ce connard et lui n'a rien trouvé d'autre à faire que de la tromper pendant 16 longues années. Elle le quitte, décide de s'installer dans un petit patelin de caroline du Nord avec l'énorme quantité d'argent qu'elle a gagné pendant le divorce, la ville de Savannah (si ça ne vous dit rien, c'est normal) et sombre lentement mais surement dans la dépression. Je suis livré à moi-même, dans une nouvelle ville que je ne connais pas, avec une tonne de fric sur mon compte en banque : toutes les conditions étaient réunies pour faire de moi ce que je suis devenu !
Mon argent attire des types pas très nets au lycée (et en dehors) et je commence à financer un réseau de trafic de drogue à Savannah. Ma mère ne remarque strictement rien et je glisse doucement dans la délinquance. À ma majorité, je suis obligé de la placer en institution spécialisée, car elle devient un danger pour elle-même. Je suis donc seul dans notre immense résidence en bord de mer (le médecin de ma mère pensait que la vue sur mer l'aiderait à guérir, foutaise) et tout s'accélère. Mauvaises fréquentations, consommation débridée de toutes les drogues possibles et imaginables et surtout, surtout, consommation sans modérations de femmes, de beaucoup de femmes. Ça devient presque une addiction. Au départ, je développe toutes sortes de tactiques pour parvenir à les séduire, puis ma réputation me précède et elles viennent directement à moi. Plus besoin de faire d'efforts, plus besoin de tenter de séduire, de baratiner, de mentir...elles sont là, toutes offertes à moi, sans la moindre retenue. Je fais changer mon nom, choisissant le nom de ma mère, Castiel et c'est le début d'une nouvelle vie.
Parmi mes groupies, il y a une femme, Nora, une femme magnifique d'une douceur et d'une gentillesse sans nom. J'ai 28 ans, elle en a à peine 20, mais je m'en fiche. À force de persévérance, elle parvient à se faire une place de choix dans mon lit, puis dans ma vie et tente chaque jour de se frayer un chemin jusqu'à mon coeur. Elle se met en tête de me sauver de moi-même, de faire de moi un homme bien, digne de son amour, ce dont je me contrefiche allègrement. Elle vit presque avec moi, elle est toujours là, le matin, le soir. À chacune de mes sorties, elle s'inquiète, souhaitant m'avoir à ses côtés, plutôt qu'à l'extérieur, on ne sait où (ou avec on ne sait qui). Elle souffre de me voir ramener d'autres femmes, de me voir en embrasser d'autres, me vautrer dans la luxure avec une femme sans identité et la rejoindre juste après. Mais elle serre les dents, elle ne dit rien et m'aime sans retenue.
En vieillissant, je ralentis un peu sur mes conneries et décide de chercher une autre façon d'utiliser mon argent. J'ouvre un club/cabaret/strip, dans lequel se retrouvent encore un certain nombre de mes anciennes connaissances, mais je parviens à gérer. Nora est toujours là. Elle est la seule et l'Unique...du moins la plupart du temps (je tiens un club de strip quand même, et Rome ne s'est pas faite en un jour), mais aucune de ces femmes n'arrive à sa cheville. Elle ne sait rien de tout ça, ne met jamais les pieds au club (je le lui ai interdit). Elle se contente de ce que je lui donne et se force à croire ce que je lui dis, ce qui me convient. À mes yeux, j'ai la belle vie. Bon il m'arrive encore parfois de prendre deux trois petites choses au club et d'arriver chez moi pas très clair, mais elle n'ose rien me dire.
Un soir, je reçois un coup de fil : un souci au club. Un ancien fournisseur squattait là-bas, refusant de laisser mes employés tranquilles. Il tenait absolument à me voir, pour une obscure raison. Je m'échappe du lit, tâchant de ne pas réveiller Nora, en vain
« Il est quelle heure ? » Demande-t-elle encore ensommeillée.
« Rendors-toi Nory... » J'enfile mon pantalon, cherche une chemise, tandis qu'elle renchérit
« Il est plus de 3h du matin ! Où est-ce que tu vas comme ça ?! » Je boutonne ma chemise. Elle attrape le drap dans lequel elle s'enroule, se redresse et me lance un regard plein de reproches et d'inquiétude. Je m'approche d'elle, pose un baiser sur son front et me dirige vers la porte
« Dig...Deaclan !! » Je ne prend pas la peine de m'arrêter, j'ai bien plus important à régler pour le moment.
« Qu'est-ce que tu fiche là Mike ? »J'arrive au club et ce type est là, assis sur mon bar, comme si tout ce qui se trouvait là lui appartenait, ce qui ne me plaît pas vraiment, comme vous pouvez vous en douter.
« Tiens ! Le patron daigne enfin montrer sa sale gueule ! » J'affiche un sourire sarcastique, alors que je me place face à l'homme.
« Descends de ce bar, c'est pas fait pour les enfants ! Il est 3h du matin passé et tu me fais sortir de chez moi, c'est pas normal gamin ! Tu devrais être couché à cette heure-ci ! » J'arbore une assurance sans failles et un air plein de provocation. Plus vite il s'énervait, plus vite il m'expliquerait la raison de sa présence et plus vite je pourrais rentrer chez moi. Il descend de son perchoir et s'approche l'air menaçant. Qu'avait-il à me reprocher ? Eh bien ce petit crétin s'était fait voler sa came quelques jours plus tôt et il s'était mis en tête que j'étais derrière tout ça. Je croise le regard inquiet de certaines des filles. Il faut que je fasse quelque chose. Debout face à moi, Mike pointe un doigt "menaçant" sous mon nez, espérant me faire sortir de mes gonds. Ça fait des années que je n'ai pas eu à me battre certes, mais c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas ! Je lui assène un coup de poing suffisamment fort pour le désorienter quelques secondes, avant de l'attraper par l'arrière du crâne, comme on le fait à un enfant et de l'amener vers la sortie. Quand il revient à lui, il me met une mandale dans le ventre et parvient à se défaire de mon emprise. Je le vois fouiller sous sa veste et sortir un pistolet, qu'il braque droit sur moi. Je me fige, abasourdi par ce qui était en train de se passer et lève automatiquement les deux mains. Cela faisait bien longtemps que je m'étais pas retrouvé dans une situation si délicate et très franchement, ça ne m'avait pas du tout manqué ! Je me reprends rapidement et plante un regard autoritaire dans le sien
« Aller calme toi gamin ! J'ai pas besoin de te ta came et tu le sais très bien...t'as été assez stupide pour te la faire prendre, c'est triste, mais je ne peux rien faire pour toi. Alors casses toi maintenant et t'auras pas de soucis ! » On est d'accord, ce n'est peut-être pas la meilleure chose à dire à un gamin camé et en manque qui pointe une arme chargée sur vous mais...une fois encore, on ne me refera pas. Au fil de mon discourt, je baisse lentement les mains, pour lui faire savoir qu'il ne me faisait pas si peur que cela et que sa petite vendetta ne marchait pas. Réalisant la stupidité de son geste, il entreprend de baisser son arme. Je suis sauvé, du moins c'est ce que je crois, jusqu'à ce que j'entende la porte d'entrée s'ouvrir à la volée. Le gamin panique et tire un coup dans le vide. Le cri d'une femme retentit. Je lui saute dessus et le désarme, ôtant aisément le chargeur et j’envoie le tout un peu plus loin, hors de sa portée. Des cris de stupeur retentissent un peu partout, alors que je me retourne enfin afin de voir qui avait été touché.
« Nora !!! » La tête posée sur sa main inanimée, je tente de retracer les événements dans mon esprit totalement embué. Le bip lancinant des machines accompagne ma réflexion. Qu'est-ce qu'elle fichait là ? Elle n'avait rien à faire au club et elle le savait. C'était sa faute, voilà tout...mais qui parviendrais-je à berner ? C'était ma faute. Elle avait pris une balle perdue par ma faute, parce que je ne fréquentais pas les gens les plus fréquentables. Je m'en veux, je me trouve minable d'avoir exposé une fille comme Nora à ce monde-là. Elle faisait partie de ma vie, que je le veuille ou non et ça, ce club et les personnes qui le fréquentaient, en faisaient également partie. Je ne pouvais pas concilier les deux, tenter de jouer au petit ami parfait et gérer mes petites magouilles impunément. J'aurais dû le savoir. La vie avait trouvé un moyen bien brutal pour me le faire comprendre. Alors que ma conscience me torture, je sens les doigts fins de Nora se muer sous mon imposante main. Je relève la tête, impatient d'entendre de nouveau le son de sa voix, de voir qu'elle allait bien et qu'on pourrait aller de l'avant. Plein de bonne volonté et d'espoir, je pose mon regard sur son visage. Elle grimace de douleur et porte sa main à son côté droit. Ses yeux s'ouvrent et se posent sur moi en silence
« Hey...comment tu te sens ? » Je porte ma main à sa cuisse que je caresse doucement, convaincue que tout irait bien. Elle m'avait toujours tout pardonné, il n'y avait pas de raisons que ça change...je m'avance pour poser mes lèvres sur son front, mais elle détourne la tête. Surpris, je reprends ma place, légèrement perplexe, tandis qu'elle plante un regard d'une froideur sans nom sur moi
« Tu m'as menti Dig...tu disais que tu avais arrêté tes conneries. "Ce n'est qu'un bar Nora, c'est pas ton truc, mais t'en fais pas, tout vas bien" que tu disais... » Je réalise que je ne vais pas m'en sortir aussi facilement cette fois-ci. Je savais qu'elle avait raison. J'avais menti, dissimulé ce que je faisais vraiment et je l'avais prise pour une idiote pendant tant d'années...mais j'avais besoin qu'elle me pardonne et qu'elle continue à m'aimer. C'était vital. Elle l'avait toujours fait. Durant toutes ces années, elle avait été là et je ne pouvais concevoir que les choses soient autrement
« Nory... » Je réponds doucement, près à lui trouver toutes les excuses possibles pour justifier ce qui venait de se passer, pour arriver au résultat "Je vois... C'est pas grave Dig...ramène-moi à la maison", mais elle me coupe la parole
« MENTEUR ! Ne m'appelle pas comme ça ! »Je déglutis avec peine et sers la mâchoire. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état et ça me glaçait le sang. Nora était d'une douceur sans nom, je n'avais jamais croisé une femme si bonne, toujours souriante, avenante, un amour. Mais là, sur ce lit d'hôpital, son visage est dur, froid, mauvais... C'est effrayant. Elle repousse ma main avec violence et porte rapidement sa main à sa blessure en grimaçant de plus belle
« J'ai pris une balle à cause de toi Deaclan !!! A cause de tes mensonges, j'ai faillis perdre la vie ! » Je ne bronche pas, incapable de prononcer le moindre mot. Je suis pendu à ses lèvres, attendant qu'elle prononce ma sentence.
« Tu es allé trop loin... » Je tente de m'approcher une nouvelle fois
« Ne me touche pas ! Ne me touche plus jamais ! Sors d'ici !!! Sors je te dis, je ne veux plus te voir, plus jamais ! » « Nora s'il te plait, écoutes... » Elle s'agite et du sang apparaît sous sa blouse.
« Non ! Je ne t'écouterais plus ! » Ses cris alertent une infirmière qui débarque dans la chambre en catastrophe.
« Tout se passe bien par ici ?! » Elle remarque immédiatement l'agitation de Nora et le rouge qui perce les draps. Elle plante sur moi un regard plein de reproche et me dit avec autorité
« Monsieur, je vous demanderais de sortir s'il vous plait. » Je supplie Nora du regard, histoire qu'elle me permette de rester, de m'expliquer, de gagner son pardon, qu'elle me donne une chance de l'avoir encore dans ma vie. Mais elle tourne la tête, bouleversée. L'infirmière me saisit fermement par le bras et m'incite à sortir de la chambre. Elle ne me retient pas, elle souhaite me voir loin d'elle. La seule personne pour qui j'avais de l'importance à présent ne voulait plus de moi. Je me résigne et quitte la pièce sans me retourner. J'avais blessé de toutes les manières possibles, la seule femme qui m'aimait et dont j'avais un besoin viscéral...bravo Deaclan !
Nora n'est plus là. Il y a 3 mois, elle est venue récupérer ses affaires en mon absence et je ne l'ai pas vu depuis. Elle m'en veut. Elle a failli mourir à cause de moi. Elle m'a pardonné mes cachoteries, ma double vie, les autres femmes que je fréquentais dans son dos, mais ça, c'était la chose de trop. Je l'avais abimé. Je faisais beaucoup de conneries, mais je savais quand m'arrêter pour éviter les dégâts. Je n'étais pas parvenue à protéger Nora et j'avais mis en danger la seule personne que je voulais garder sauve. Je n'avais plus de ses nouvelles. J'ignore où elle est, ce qu'elle fait, si elle va bien et ça me rend fou. Elle était à moi, littéralement. Elle ne faisait rien sans moi, ça lui convenait et ça me convenait. Savoir que je n'avais plus ce droit sur elle m'était insupportable. J'avais besoin d'elle, besoin de sa présence, besoin de cette touche de normalité qu'elle apportait à ma vie. Besoin de rentrer chez moi et de savoir qu'en toutes circonstances, elle était là, pour moi. Elle était mon assurance de rester du bon côté de la vie, de ne pas totalement sombrer dans l'illégalité et de ne pas me laisser mes vieux démons me dévorer. Elle était mon unique moyen de rédemption. Elle m'avait connu quand j'étais au pire de moi-même et m'avait aimé quand même. Son amour était entièrement acquis et rien de ce que je pouvais faire n'était censé la faire fuir. Je n'avais jamais envisagé de devoir continuer sans elle. Je dois la retrouver, c'est vital !