Dimanche, jour de congé, ENFIN ! Elle n’en pouvait plus, elle était complètement lessivée et n’aspirait qu’à une chose : dormir. Dormir, dormir, dormir et encore dormir. Jouer les marmottes durant l’espace d’une seule journée. Oh oui, le rêve. On ne pouvait pas dire que son travail était spécialement crevant. Elle passait le plus clair de son temps à faire visiter des maisons ou bien d’autres lieux en tout genre qui avaient été mis en vente et cela ne représentait pas vraiment une grosse charge de fatigue. Mais voilà, à noter qu’elle était enceinte d’environ dix-sept semaines et que c’était cette petite crevette qui lui pompait toute son énergie. Résultat, à la fin de la semaine, elle tombait littéralement de fatigue. C’est pour cela qu’elle ouvrit les yeux ce matin-là aux alentours de midi. Midi et elle ne se sentait pas du tout reposée. Bon sang… Elle resta dans son lit un long moment à fixer le plafond, se demandant si elle devait bouger ses fesses et se lever ou bien continuer à flemmarder dans son lit et se rendormir. Finalement, la faim remporta le duel et elle se décida à se lever pour prendre la direction de la cuisine. Elle se prépara un copieux repas qu’elle se fit un plaisir de déguster, puis alla se jeter sur le canapé devant la télé. Elle était habitée par cette violente envie de ne rien faire et pourtant, il faisait tellement beau dehors que ça aurait été dommage de ne pas sortir un peu prendre l’air. De plus, sa maison était située tout près de la plage et y aller à pied était rapide, il ne lui faudrait que quelques minutes tout au plus. Hum… Oui, elle pourrait parfaitement se dorer un peu au soleil, ça revenait un peu à ne rien faire en fait, surtout qu’elle était sûre de s’endormir en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Aller, elle allait faire ça, c’était décidé. Elle éteignit la télé et remonta dans sa chambre pour enfiler un maillot de bain deux pièces qu’elle avait récemment acheté, les autres étant devenus légèrement… serrés, puis enfila un short et un débardeur et mit sa paire de lunettes de soleil sur son nez. Voilà, parée pour sortir. Elle attrapa son sac dans lequel elle fourra sa serviette de plage puis attrapa ses clés et quitta la maison. Il faisait chaud dehors, un temps parfait pour aller à la mer. Ce fut donc d’un pas joyeux qu’elle prit la direction de la plage et, quelques minutes après, ses pieds frôlaient le sable chaud. Immédiatement, elle alla face à la mer mais garda quand même ses distances avec l’eau. Elle adorait la plage, mais détestait l’océan. Non en fait, elle ne le détestait pas, elle en avait juste une peur bleue. Elle-même ne savait pas d’où lui venait cette peur, mais elle était bien là et la jeune femme avait tendance à faire des crises de panique si on la forçait à rentrer dans l’eau. Voilà pourquoi elle resta tout de même à bonne distance de la mer et fixa l’horizon. Elle inspira un grand coup, heureuse d’être là, puis décida d’aller poser sa serviette. Elle s’installa dans un coin où il n’y avait pas trop de monde puis s’assit et retira son haut, dévoilant son ventre rond. Elle était à peine posée lorsqu’une voix trop familière à son goût vint raisonner à ses oreilles. « Il ne manquait plus que ça ! » Instantanément, elle se figea et son sourire disparut en l’espace de quelques secondes. Lentement, elle tourna la tête et découvrit la seule femme qu’elle n’aurait pas voulu voir aujourd’hui. Fleur. Cette petite midinette qui s’intéressait d’un peu trop près à son mari. Bon d’accord, bientôt ex-mari, mais ça n’était pas une excuse valable puisqu’Hayden n’avait pas l’intention de le laisser filer aussi facilement. Elle ferait tout pour le récupérer et ne tolèrerait pas qu’une gamine vienne se mettre en travers de son chemin. Elle lui jeta un regard glacial, plein d’animosité et de la haine qu’elle lui portait. La jeune femme n’avait jamais été de nature très jalouse lorsque son homme approchait des femmes, tant que celles-ci ne s’intéressaient pas à lui. Or là il était clair qu’il avait tapé dans l’œil de cette jeune institutrice et le sang d’Hayden n’avait fait qu’un tour. Tss, pour qui se prenait-elle ? « Un problème peut-être ?! » Elle avait craché ses mots et était prête à se lever et à aller vers elle si cela s’avérait nécessaire. Mais pour le moment elle restait sagement assise, attendant de voir comment les choses allaient se dérouler.

Elle qui pensait pouvoir passer un bon moment à la plage, c’était raté. Et pour cause, la vue de cette gamine la rendait folle. Non, en vérité, elle n’aurait probablement pas fait cas si elle n’était pas venue l’interpeller. Mais maintenant qu’elle l’avait attaqué, elle ne pouvait plus faire comme si de rien n’était. Elle n’allait quand même pas se laisser marcher sur les pieds de cette façon ! Elle ne cilla par lorsqu’elle reçut un regard glacial en retour et décida qu’elle allait la jouer adulte pour une fois et ne pas rentrer dans son jeu, ça serait vraiment stupide. Lorsqu’elle lui dit que son problème c’était que même le week-end, elle ne pouvait pas être tranquille, la jeune femme esquissa un sourire et lui lança un regard moqueur. Et bien si elle voulait être tranquille, elle n’avait qu’à rester enfermée chez elle au lieu de venir pourrir le paysage des autres ! Surtout si c’était pour venir pleurnicher. Car oui, elle n’était pas dupe, elle avait bien remarqué les dernières marques de larmes sur ses joues, que la jeune femme s’empressa d’essuyer. Hum… Nouveau sourire de la part d’Hayden mais elle ne dit toujours rien. Elle se contenta de s’allonger sur sa serviette, de poser ses mains sur son ventre rond et de fermer les yeux, ses lunettes de soleil sur le nez. « Et bien si tu veux être tranquille, tu te lèves, tu prends tes petites jambes et tu bouges. La plage est grande, je suis sûre que tu trouveras un endroit suffisamment éloigné de moi. Ou au pire, va te noyer… » Dommage, elle n’avait pas pu s’empêcher de lui envoyer une petite pique, c’était vraiment trop tentant. « Dans tous les cas, je ne bougerais pas, donc soit tu l’acceptes soit et bien... Tant pis pour toi ! » Voilà, c’était dit. Elle ne lui ferait pas le plaisir de dégager juste parce que mademoiselle n’était pas contente de l’avoir à côté d’elle. Après tout la plage était à tout le monde, elle avait le droit de se trouver-là si elle en avait envie. Aucune loi ne le lui interdisait aux dernières nouvelles. De plus elle ne lui avait rien fait, elle était juste venue s’allonger là. Elle n’aurait pas pu tout simplement la laisser tranquille au lieu de venir foutre sa merde et la déranger ? Elle lui avait pourri sa journée là ! Tss… Mais apparemment elle n’avait pas l’intention de s’arrêter là puisqu’elle revint à l’assaut rapidement. Ah ah ah… Bien joué Fleur, mais tu ne l’emporteras pas au Paradis. Elle ouvrit un oeil, releva ses lunettes de soleil et tourna sa tête vers la jeune femme pour lui jeter un regard totalement désintéressé. Elle avait juste envie de lui dire de lui foutre la paix, de la laisser dormir et se reposer, mais le dire serait revenu à s’avouer vaincue et elle n’en avait pas l’intention. « Chérie, vu toutes les larmes qui striaient ton visage désormais bouffi et rougi, je pense que celle qui a le plus besoin d’un psy, c’est toi. » Maintenant lâche-moi et dégage ! Voilà ce qu’elle avait envie de lui hurler. Grr, cette gamine avait vraiment le don de la mettre hors d’elle. Or, il valait mieux qu’elle reste calme, son médecin lui ayant parfaitement expliqué qu’avec sa grossesse, il ne fallait pas qu’elle s’énerve de trop. A cette pensée, elle caressa tendrement son ventre rond avec un léger sourire, puis essaya de se calmer. Non vraiment, cette femme ne valait vraiment pas la peine qu’elle s’énerve pour elle. Mais si elle continuait de la chercher alors qu’elle n’avait rien demandé, elle allait vraiment la trouver et ça ne serait pas du joli joli. Tant pis, à ses risques et périls.