J'ouvrais les yeux, Eve dormait tranquillement. Elle devait être dans un rêve profond à cet instant, alors je décide de la laisser dormir et de partir du lit. J'en sors, sans bruits et je ferme la porte derrière moi après un dernier regard sur elle. Je prends une pomme, un short et un tee shirt, mon iPod, des Jordans et c'est parti. Je sors en courant pour commencer un petit footing. J'adore faire ça le matin quand personne n'est encore debout. Je m'avance vers le parc du centre de la ville. Un très beau parc, d'ailleurs. Le soleil se levait entre les arbres, tout était beau. De la musique de film dans les oreilles, ce paysage magnifique. J'en oubliais presque tout ce qui me tracassait ces jours-ci... Eve et moi, ce n'est plus comme avant. J'ai déménagé pour elle à Savannah, pour la suivre comme on dit "jusqu'au bout du monde". Je ne le regrette pas, et je n'ai pas l'envie absurde de la quitter et pourtant... Je ne suis pas heureux. Plus heureux plus exactement. Je ne me vois pas faire des enfants ou me marier avec elle alors qu'elle n'attends que ça. J'ai 26 ans et j'aimerais bien me dire que je suis presque installé. Seulement je n'aime pas ce quotidien qu'elle me donne... Je n'aime pas que chaque jours soient les mêmes, ce qui est le contraire pour elle... Je pense à tout ça et j'oublie que je suis en train de courir dans un espace public. Au bout d'un moment, je bouscule quelqu'un en courant. Je m'arrête alors sur le champ et me retourne pour voir si la personne n'est pas tombée ou ne s'est blessée. Oh! Je suis désolé! Ça va? Le paysage est tellement beau que j'étais ailleurs... m'excusais-je. Ce n'était pas une raison de toute façon, j'aurais du faire attention.
❝ Les accidents du quotidien, y'a que ça de vrai ! ❞
Aujourd'hui est un grand jour, un jour que j'attends depuis des semaines. Aujourd'hui, je peux enfin me remettre au footing ! Après une entorse à la cheville et des semaines de soin, j'avais enfin l'accord de mon médecin pour me remettre à courir. En vrai accro au sport que je suis, c'était presque une torture pour moi de ne pas avoir mon footing du matin. Bon, j'avais l'équitation aussi, mais ce n'était pas pareil. L'équitation, c'était l'évasion, la détente, la passion. Le footing, c'était une soupape de décompression. Je me lève donc aux aurores, prenant garde de ne pas réveiller mon frère (ainsi que quiconque se trouverait dans son lit aujourd'hui), enfile un short près du corps gris clair et un débardeur bleu foncé, que je surmonte du sweet noir, je mets mes chaussures de running avec impatience, attache mes cheveux - rien de plus agaçant quand on court que d'avoir ses cheveux qui se baladent de partout - et quitte l'immense villa de Keep en bord de mer, direction Forsyth park. J'aurais très bien pu m'éviter de prendre la voiture pour aller au centre-ville, mais ma cheville n'était pas encore assez solide pour que je puisse me permettre de courir sur un terrain si instable. Au parc au moins, le sol était dur et solide, parfait pour reprendre. Je me gare non loin du parc et m'y rends tranquillement. Il n'était pas question de se blesser aujourd'hui, juste de reprendre doucement, gentiment. Après quelques minutes d'échauffement, je me lance en petites foulées, testant la résistance de ma cheville fragile. Après un tour du parc, j'ai presque retrouvé mon rythme de croisière, ce qui me remplit de joie : je n'avais rien perdu. Une vingtaine de minutes plus tard, une silhouette qui me semble familière, attire mon attention là-bas, sur la droite. Je tourne la tête et y regarde avec un peu plus d'attention, oubliant qu'il était quand même bien plus sage de regarder devant soi quand on court. Et là, c'est le drame : je heurte brutalement quelqu'un et tombe tout aussi brutalement sur les fesses (comme à chaque fois qu'une telle chose m'arrive... vous avez vu mon gabarit). C'était à croire qu'il n'y avait qu'à moi que ce genre de choses pouvaient arriver. Après ce Zach la dernière fois, c'était au tour de ce type de me rentrer dedans. À peine au sol, je porte immédiatement mes mains sur ma cheville, afin de m'assurer que tout allait bien de ce côté-là. À première vue, rien de casser.
- Oh! Je suis désolé! Ça va? Légèrement contrariée, je lève vers l'homme qui s'adresse à moi, un regard pas des plus chaleureux. J'ai vraiment eu peur de m'être blessé de nouveau et il me faut quelques secondes pour redescendre en pression. Je frotte ensuite mes paumes l’une contre l'autre afin d'en ôter les débris et autres cailloux et me décide à répondre à l'homme
- J'ai connus mieux, mais ça va... Face à son air sincèrement désolé, je me détends un peu et esquisse un sourire un peu plus avenant. - Le paysage est tellement beau que j'étais ailleurs... Le paysage ? Vraiment ? C'était la seule excuse qu'il avait trouvé ? Je lui tends la main afin qu'il puisse m'aider à me relever et une fois de nouveau hissée sur mes pieds, je réponds, toujours sur le même ton
- Ca va, pas de soucis, ne vous en faite pas ! Je teste une fois de plus ma cheville qui tire un peu, mais rien de bien grave. L'élastique qui tenait mes cheveux ayant cédé dans le choc, je passe ma main dans mes longs cheveux de geai et les rabat sur le côté droit de ma nuque. Tout va bien pour vous ? [/b] Ben oui, je n'étais pas seule dans cette collision après tout.
Je pensais que ça allait être un jour de chance aujourd'hui. Tout avait bien commencé, un beau temps, une bonne humeur, un footing... Tout était réuni pour commencer une agréable journée, finalement. Mais le destin en avait décidé autrement puis qu’arrivé au parc du centre, je heurte une jeune femme qui tombe directement sur les fesses tandis que j'arrive à me stabiliser sur mes deux jambes. Evidemment, je m'excuse rapidement, puisque j'étais dans mes pensées et que j'aurais bien entendu dû faire plus attention. A peine au sol, elle se teint la cheville en premier réflexe, comme pour vérifier qu'elle était encore là et qu'elle allait bien. Je suppose qu'elle avait déjà dû se blesser une fois... C'est bien ma chance, encore. Je manquais de lui refaire mal, en gros. Elle levais ensuite la tête en arborant un regard des moins doux, ce que je pouvais comprendre. Elle se frotte les mains des cailloux et puis enfin me répond gentillement, qu'elle va bien et adopte un petit sourire. Je ne savais pas comment me justifier, parce qu'il n'y avait pas à essayer de toute façon mais, j'accusais la beauté du paysage du choc, parce que sans ça, je l'aurais vu. Elle me tends la main que j'attrape sans attendre pour l'aider à se remettre sur pieds. Elle avait perdu son élastique dans la chute, ce qui avait eu comme conséquence de laisser sa chevelure tomber sur son épaule droite. Elle congédia mes excuses néanmoins, la voyant se toucher à nouveau la cheville, je fronce les sourcils. Vous êtes sûre que ça va? Votre cheville? demandais-je laissant à nouveau le pompier Mathis prendre le dessus. Heu oui moi ça va merci. Il faut dire que j'avais quand même une carrure plus imposante que la jeune femme. Même si elle semblait très sportive, d'ailleurs.
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