T'es sûre que tu ne veux pas que je vienne ? Blottie dans les bras de mon Julian, je m'apprête à partir pour l'immense villa dans laquelle vivaient mon père et sa nouvelle compagne. Je lui réponds avec un petit sourire Non ne t'en fais pas. Il à très clairement spécifier que je devais venir seule Je dépose un petit baiser sur ses lèvres, avant de me défaire de son étreinte, d'attraper mon sac et d'ouvrir la porte de notre petit appartement Souhaites-moi bonne chance ! Je lui envoie un dernier baiser, avant de sauter au volant de ma voiture, destination, le quartier historique (à l'aide de mon GPS bien sûr).
J'appréhendais grandement cette soirée. Mon père m'avait appelé quelques jours plus tôt, pour me supplier d'accepter de venir à ce stupide "repas de famille" et malgré tous mes efforts, mes excuses et mes mensonges, je n'étais pas parvenu à l'éviter. L'idée de passer la soirée avec la parfaite petite famille que j'exécrais ne me réjouissait pas vraiment. Malheureusement, depuis mon arrivée, on ne pouvait pas vraiment dire que j'avais déjà fait des efforts impressionnants pour voir mon père, alors je pouvais bien en faire un ce soir. J'acceptais ce diner uniquement pour voir mon père. J'allais supporter la présence de William et de sa mère, uniquement pour passer un peu de temps avec mon père...que l'on ose me dire que je ne suis pas la plus parfaite des filles, juste pour voir.

En quelques minutes à peine, me voilà entrain de me garer dans leur allée. Je descends de voiture, vêtue d'une combinaison noire, légèrement décolleté, parfaitement de circonstance pour un diner de famille à NY, mais sans doute un peu trop habillé pour ici, comme d'habitude et remonte l'allée en serrant ma pochette noire son mon bras. J'ouvre la porte, comme indiqué par mon chère papounet et met un pied à l'intérieur

Bonsoir ! Dis-je en refermant la porte derrière moi. Pas de réponse. Étrange. J'évolue dans la maison, à la recherche de mes hôtes du soir et ne rencontre toujours personne. Y'a quelqu'un ? Toujours pas de réponse. Seul le bruit de mes talons hauts, rompt cet étrange silence. Je finis par arriver à la cuisine et tombe sur une table, très joliment dressée, pour deux. Pour deux ? Mais c'est quoi ça encore ? Une enveloppe, contenant une note et portant mon nom se trouve sur une des deux assiettes et sur l'autre, une enveloppe vide et un mot sortit. Perplexe, je m'approche, saisi la mienne et l'ouvre avec impatience
" Passe une bonne soirée, on se voit bientôt!
Papa "
Quoi ? C'est tout ? Pas d'explications, rien ? Nada ? Je repose mon enveloppe sur la table et saisit l'autre afin de voir à qui elle était adressée. William ?! Pardon ? Attendez, je suis larguée là ! À cet instant, un mouvement attire mon attention dans la pièce d'à côté. Je lève alors les yeux et croise le regard de William, tranquillement installé sur le canapé, comme si de rien n'était et surtout, arborant ce sourire dont j'avais une sainte horreur. C'était donc ça ! J'avais été piégée ! Génial ! Je pouf légèrement, en posant ma pochette sur la table, avant de placer ma main droite sur ma hanche et de prendre enfin la parole

Alors celle là, c'est vraiment la meilleure !

Non mais comment m'étais-je débrouillée pour tomber dans ce guet-apens comme une débutante ? Pourtant je le savais depuis gamine : dans la famille Blackwood, les blagues et autres supercheries étaient monnaie courante. Elles n'étaient pas toujours bonnes et parfois même de très mauvais gout (comme celle-ci par exemple), mais c'était commun. Et pourtant, je ne me suis méfiée de rien en recevant ce coup de fil. Il souhaitait me voir, je lui manquais, blablabla...s'il souhaitait me voir, il connaissait mon adresse ! Stupide Ana ! Là, face à cette note, je me sens affreusement stupide d'être tombée dans le panneau. Je devais être en colère, folle de rage de me retrouver seule dans cette grande maison, en compagnie de William et pourtant...et pourtant, je ne le suis pas tant que ça, aller savoir pourquoi. Une fois la note déposée, je porte mon attention sur William qui lui, semble parfaitement heureux de cette situation. Était-il au courant ? Cela ne m'aurait pas vraiment étonné.
On s'est bien fait avoir ? On ? Vraiment ? Il prétendait donc ne pas avoir été avertit de cette supercherie. En temps normal, je serais sans doute monté au créneau afin de lui faire cracher le morceau mais là...j'étais un peu lasse de tout ça. S'il tenait à mentir, qu'il le fasse, tant pis.
Alors qu'il admet le talent de mon père pour ce genre de piège, je pouffe légèrement en haussant les sourcils, avant d'esquisser un sourire et acquiesce, l'air entendu Il a des années d'expérience derrière lui...
Je ne peux m'empêcher de remarquer sa stupéfaction face à ma tenue et il faut bien admettre que j'en suis un peu flattée. Il reprend d'ailleurs son sérieux et me fait un compliment, compliment auquel je ne puis m'empêcher de réagir. Le rose me monte aux joues, tandis qu'un léger sourire stupide s'affiche sur mon visage. Je passe ma main dans mes cheveux en baissant un peu la tête histoire de dissimuler ma gêne, avant de replacer mon regard sur lui, d'incliner légèrement la tête et de lui répondre gentiment (pour la première fois depuis longtemps) C'est gentil, merci... Je jauge ensuite rapidement sa tenue, avant de rajouter En chemise aussi t'es pas mal... Mes joues s'empourprent de plus belle en réalisant ce que je venais de dire. Bon sang c'est tout de même incroyable ça ! Comment cela se faisait-il que systématiquement en sa présence, ce genre de choses stupides et totalement déplacées, m'échappait de cette façon. Je me giflerais si je le pouvais.

Le simple fait de l'entendre supposer qu'il me connaissait au point de savoir comment j'allais agir, me pousse à avoir le comportement totalement opposé. J'étais comme ça : être là où on ne m'attendait pas, faire l'opposé de ce qu'on attendait de moi, c'était tout moi. Alors histoire de lui prouver qu'il ne me connaissait pas, je saisis la bouteille de vin et lui répond un sourire énigmatique aux lèvres Ce serait dommage de gâcher tout ça... Je saisis la bouteille de vin et l'agite un peu dans sa direction, histoire de l'inviter à venir l'ouvrir (c'était purement une tâche d'homme pour moi)

L'idée de passer la soirée là, avec William, fait doucement son petit bonhomme de chemin dans mon esprit et je m'y soumets sans trop de résistance. Je me surprends même à lui faire un compliment sur sa tenue de ce soir. Il faudrait vraiment que je me ressaisisse et que je reste sur mes gardes. Je n'avais pas l'intention d'être trop aimable avec lui, plus par principe qu'autre chose. Je ne pouvais pas bien m'entendre avec lui, mon instinct de survie me le hurlait à pleins poumons. Et pourtant, j'étais là, face à lui, incapable de prendre mes jambes à mon cou et de rentrer retrouver mon fiancé. Pire encore, me voilà une bouteille de vin à la main, invitant gentiment celui que je suis censée fuir, à venir l'ouvrir. Du vin, vraiment Ana ? Arrêtes-toi maintenant ! Trop tard. Le voilà qui se lève et s'approche de moi, saisi la bouteille et part l'ouvrir. Le temps de son absence, je fais volt-face en posant mes mains sur mes hanches et pousse un profond soupir, tentant désespérément de retrouver mes esprits. En présence de William, il m'était de plus en plus difficile de contrôler ce que je pouvais dire ou faire, ce qui m'était très dur à supporter. J'étais toujours au contrôle de tout, c'était une de mes principales caractéristiques, mais dès que ce grand blond aux yeux bleus s'approchait de moi, il m'était bien plus difficile de garder le contrôle, aller savoir pourquoi. Je passe ma main dans mes cheveux histoire de me redonner une certaine contenance, alors que William refait son apparition dans la pièce.

Alors qu'il ouvre la bouteille (ce que je trouve follement sexy, mais chuuut), j'ai droit à un compliment supplémentaire. Un peu gênée mais totalement flattée, je passe ma main dans mes cheveux en baissant un peu les yeux, tandis que mes joues s'empourprent de plus belle. Je finis par replacer mon regard sur lui et lui répondre en souriant C'est gentil, merci... Ce soir, je découvrais un William sympathique, agréable et surtout, très charmant, ce qui me surprends totalement. Devais-je revoir mon jugement à son sujet ? Peut-être. Mais j'ignore si je le désire vraiment. Toujours un peu sur mes gardes, je rajoute l'air de rien Il faut bien faire plaisir à nos parents n'est-ce pas ?...Préférant prétexter que je restais histoire de satisfaire le désir de mon père, plutôt que d'admettre que dans le fond, je restais parce que ça ne me déplaisait pas totalement. Il goute le vin avant moi, charmante attention, puis, satisfait par son choix, remplit deux verres, avant de m'en tendre un. Je le saisis, toujours un peu perplexe quant à mes sentiments sur la situation, tandis que William s'adresse de nouveau à moi. À quoi devons-nous boire ? Certainement pas à nos parents, ces fourbes et traitres qu'ils sont. À nous ? Mais il n'y a pas de nous, n'est-ce pas ? Non, il n'y en a pas. Alors je réponds juste, un léger sourire aux lèvres Pourquoi ne pas tout simplement trinquer à cette soirée ? Ça au moins, c'était une chose à laquelle je pouvais trinquer, sans risquer de me mettre encore plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà. J'entrechoque doucement nos deux verres, en plantant mon regard dans le sien, comme la coutume l'exigeait, avant de porter ma coupe à mes lèvres, sans parvenir à le lâcher du regard. Après une gorgée, je reprends doucement la parole C'est toi qui l'as choisis ? Il est délicieux... Je porte une nouvelle fois la coupe à mes lèvres et me délecte de ce breuvage, avant de faire un léger pas en arrière (je le trouve bien trop proche de moi et cette proximité me perturbe réellement) et de lui demander Alooors...c'est toi qui cuisine où ça aussi ils l'avaient préparés ? Parce que tu me dois un repas il me semble J'avais dit cela sur un ton étrangement bienveillant, avec une pointe d'intérêt. Je savais qu'il était cuisinier, mais je n'avais jamais eu la possibilité de gouter à son travail, c'était peut-être l'occasion ?