Cela faisait quelques jours que le petit Aedan était arrivé à l'hôpital dans un état critique, à cause d'un accident de voiture dont il avait été victime et dont la mère n'avait malheureusement pas survécu. Plongé dans un profond sommeil, on aurait presque pu le confondre avec un petit ange endormi dans son lit, et pourtant, la vérité était toute autre. Il luttait pour survivre avec l'espoir sans doute de retrouver sa maman à son réveil. En revanche, il ne se souvenait pas encore l'avoir entendu lui parler. Par moment, il lui arrivait de distinguer le Bip Bip incessant de la machine à laquelle il était relié, les conversations de quelques infirmières parfois à son sujet ou bien à propos de leurs enfants, de leur mari, et de Noel qui approchait à grands pas. Il lui arrivait aussi très souvent d'avoir la visite d'une jeune femme dont la voix ne lui rappelait personne, du moins, personne qu'il ne connaissait déjà. Elle lui avait déjà confiée être institutrice, l'espoir qu'elle avait qu'il s'en sorte et pleins de petites choses encore. Parfois, elle lui racontait des histoires, chose qu'Aedan appréciait vraiment beaucoup. C'était un petit rêveur, et les contes, il les avait toujours beaucoup apprécié. Particulièrement celui de Peter Pan qu'il lui était déjà arrivé de lui raconter. D'ailleurs, c'était lorsqu'elle avait commencé à lui raconter cette histoire, sa main posée sur celle du petit garçon qu'il avait eu une première réaction: celle de la lui serrer doucement, comme pour l'inciter à continuer. Sur le moment, elle s'était interrompue, mais après quelques instants, elle avait repris son histoire là où elle l'avait laissée.

Au fil des jours, Aedan s'était rapidement habitué à avoir sa visite dans sa chambre... C'était le seul contact qu'il avait véritablement, la seule personne qui prenait le temps de venir s'asseoir sur son lit, de lui prendre la main, de lui parler. D'autres personnes devaient très certainement passer le voir également, mais tout ce que distinguait Aedan généralement, c'était des bruits de pas pressés, des discussions qui ne le concernait pas, des rires, ... Et ce Bip Bip permanent. Rien de très sécurisant. Ses visites par contre avaient le don de le rassurer. Grâce à elle, il n'était plus tout seul. Cette fois encore, elle n'avait pas manqué à venir le voir, comme chaque jour depuis qu'il se trouvait hôspitalisé. Dans son inconscient, il revoyait l'accident, cette route droite, et cette voiture qui arrivait en contresens à toute vitesse, sa mère qui tournait le volant, les faisant valser tout deux en contrebas, puis plus rien... Cet accident, il l'avait revu de très nombreuses fois. C'était comme s'il était encré en lui, qu'Aedan serait amené à le vivre encore et encore. Le cri que sa mère avait poussé avant l'impact, Aedan savait qu'il ne l'oublierait jamais.

Soudain, les images de son rêve disparurent et il avait pu sentir un coté de son lit s'affaisser quelque peu, comme si quelqu'un venait de s'y asseoir. Il savait qu'elle était là. Comme chaque fois, elle avait pris sa main dans la sienne et alors que le petit garçon la resserrait doucement dans la sienne, pour la toute première fois, il ouvri les yeux pour enfin pouvoir mettre un visage sur cette personne dont la présence avait été si rassurante pour lui. Loin de se douter du temps qu'il avait passé à dormir,  il avait mis un petit temps à s'habituer à la lumière du jour de sa chambre d'hôpital mais n'eu aucun mal à distinguer les traits de celle qui lui avait si souvent rendu visite. Son visage penché vers les pages d'un livre qu'elle s'apprêtait à lui raconter, Aedan l'observa un petit instant alors qu'elle commençait son récit. Ce n'était pas Peter Pan. Peut-être en avait-elle assez de lui raconter cette histoire et qu'elle avait voulu en changer. Chose que le petit garçon pouvait facilement comprendre, sa mère elle aussi ne supportait pas de devoir la raconter trop souvent. Par contre lui ne se lassait jamais de l'entendre. Aussi, puisque ce n'était pas l'histoire de Peter Pan, il s'était autorisé à l'interrompre doucement pour lui manifester le fait qu'il était réveillé. « Ma maman aussi me racontait souvent des histoires. Tu les racontes aussi bien qu'elle. » Et ça, c'était un vrai compliment. Doucement, Aedan lui accorda un petit sourire avant de chercher à se relever un peu pour pouvoir regarder l'image. Ce conte parlait d'une princesse et c'est tout naturellement qu'Aedan l'interrogea. « C'est ton histoire préférée? » Après tout, les filles sont toujours fans de princesses. Peut-être qu'elle n'avait dès lors pas choisi de lui raconter cette histoire par hasard.

Aedan avait tendance à préférer les histoires de pirates, de magiciens, de chasses aux trésors, plutôt que celles des princesses, et quoi de plus normal, puisque c'était un petit garçon. Les princesses, par moment, il les trouvait un peu bêtes...Y'a d'ailleurs qu'aux princesses qu'il arrive un tas de mésaventures dans les contes... Entre Cendrillon qui perds son soulier et qui entends des souris qui parlent, Blanche-Neige qui s'empoisonne avec une pomme donnée par une vieille dame qui a tout d'une sorcière, alors que depuis la petite école on apprends aux enfants à ne rien accepter d'un inconnu, et la Belle au Bois Dormant qui à la vue d'une aiguille ne trouve rien de mieux à faire que mettre son doigt dessus pour se piquer, faut reconnaître que les princesses, elles sont pas douées...  Et en plus de ça, les filles veulent souvent leur ressembler... Surtout quand elles sont petites, une chose que Aedan n'avait jamais vraiment compris. Elles le souhaitaient peut-être parce que les princesses sont jolies, ça, il ne dira pas le contraire... Mais même grande, ce sont qand même les championnes des bêtises, non?  En même temps, à son âge, même les filles de sa classe il les trouve un peu bêtes, sauf peut-être une ou deux. Il s'entendait d'ailleurs particulièrement bien avec une dénommée Jenny, d'ailleurs, il aimait passer ses récréations avec elle à discuter de choses et d'autres. Elle, elle n'était pas comme les autres. Elle était de son âge, aimait lui raconter des blagues et était très douée pour cela. Elle aimait aussi les jeux vidéos et aimait aussi confectionner des petits gâteaux avec sa mère, et il n'était pas rare qu'elle lui amène un ou deux muffins au chocolat, depuis qu'Aedan lui avait confié qu'ils étaient ses gâteaux préférés. Il passait généralement ses récréations avec elle lorsqu'il la voyait seule dans son coin. A d'autres, il la laissait s'amuser avec ses amies et dans ses moments là, il s'amusait de son coté avec ses camarades masculins, bien que des fois, il la cherchait du regard, cherchait à capter son attention pour qu'elle les rejoigne, chose que Jenny acceptait rarement. Soit elle restait seule avec lui, soit elle s'amusait avec ses amies, mais se mêller aux camarades de Aedan, apparemment, elle ne le souhaitait pas. En même temps, de son coté, c'était pareil, Aedan n'aimait pas être le seul garçon dans le groupe d'amies de Jenny. Mais passer du temps juste avec elle, ça, il ne se le refusait jamais. Immanquablement, il se demandait comment elle allait et se disait qu'elle lui manquait. Depuis combien de temps était-il là? Il n'en savait absolument rien. C'était étrange, il se souvenait de quelques moments de l'accident, de la voiture rouge qui fonçait vers eux, du choc, du cri de sa mère, de leur voiture qui quitte la route, puis après, c'était le vide, et il se retrouvait dans ce lit à l'hôpital, en compagnie d'une jeune femme qu'il ne connaissait pas, et qui pourtant se montrait si maternelle avec lui. D'un coté, heureusement pour lui qu'elle était là. Il n'avait pu retenir un sourire en l'entendant lui parler d'elle lorsqu'elle était petite fille. Ca ne l'étonnait pas vraiment, faut croire que les princesses ont un truc pour s'attirer l'affection  de toutes les petites filles du monde. C'est sans doute ça qui les rends si magiques. « Oui, je connais Blanche-Neige. Ma maman me l'a souvent raconté cette histoire. Je crois que c'était elle la plus jolie des princesses... Y'en a aucune autre qui s'est fait invité par sept hommes et qui a fait changer un grincheux en autre chose. Elle est très forte Blanche-Neige. » Les autres généralement se contentent juste de partir avec le Prince qui les a sauvées et n'ont pas vraiment d'impact sur les autres personnages... Contrairement à Blanche-Neige. Curieux, le petit garçon n'avait pu s'empêcher d'interroger la jeune femme assise près de lui. C'est vrai, il avait une certaine tendance à être curieux, mais qui n'est pas curieux n'apprends rien après tout. « Et tu l'as trouvé ton Prince Charmant? » Est ce qu'elle avait réalisé son rêve de petite fille? En tout cas, lui, c'est tout ce qu'il lui souhaitait. Elle avait l'air d'être une personne très gentille, impossible donc qu'aucun homme ne soit tombé amoureux d'elle, si? Et puis elle était si maternelle, Aedan en était convaincu : elle devait très certainement avoir des enfants. Mais si elle n'en avait pas, elle savait très bien y faire avec eux. Le sourire d'Aedan s'était quelque peu agrandi à l'idée de lui parler de son personnage de conte préféré. Et il n'avait pas hésité longtemps à lui fournir sa réponse. « Peter Pan. Parce qu'il peut voler, qu'il se bats avec des pirates et qu'il fait toujours tout ce qu'il veux. Il est libre et puis, ça doit être bien de ne jamais grandir... Et de pas être obligé d'aller à l'école aussi, de pouvoir faire que jouer, n'avoir jamais de devoirs à faire...  Quand j'étais petit, je voulais être un garçon perdu et aller m'amuser au pays imaginaire avec lui. Je voulais qu'une fée m'emmène jusqu'à chez lui, et maman me grondait toujours quand, pendant la nuit, j'ouvrais une fenêtre avec l'idée que c'était possible qu'une fée ou lui vienne juste dans ma chambre. Après, je me suis rendu compte que je voulais pas tant que ça être un garçon perdu. Ma maman me manquerait trop si je ne pouvais plus la voir. Mais j'aime quand même toujours Peter Pan. Il est un peu comme un super héros car comme eux, il peut voler. » Et qui n'a jamais rêvé de le faire? C'est vrai aussi que Peter Pan a de sacrés avantages. Pas de règles, il fait ce qu'il veux quand il veux. Bon, c'est pas vraiment ce qu'il y a de mieux pour un enfant, mais on a tous rêvés au moins un jour de pouvoir faire exactement tout ce que l'on voulait et quand on le voulait. Comment ne pas être donc envieux de Peter Pan? Aedan l'avait souvent été, sauf par le fait que lui n'avait pas de maman. Ce devait être terrible de ne pas en avoir. A choisir, Aedan préférait nettement être avec elle, plutôt qu'avec des tas d'enfants au Pays Imaginaire. Cette dernière aussi lui manquait, et c'est tout naturellement qu'il avait interrogé Jayleen. « Comment elle va ma maman? Est ce que je peux aller la voir pour lui dire que je vais bien et qu'elle ne doit plus s'inquiéter? »

Toute l'attention du petit garçon était portée sur Jayleen. A les voir tout deux, n'importe qui les aurait surpris en train de discuter aurait pu penser qu'ils se connaissaient depuis longtemps, et pourtant, la réalité était bel et bien très différente. Le petit garçon n'avait pas manqué de rendre à la jeune femme un sourire enjoué, ravi qu'elle partage son point de vue à propos de Blanche-Neige. Il aimait beaucoup parler des personnages des contes avec sa mère lorsqu'elle lui racontait des histoires. Et à défaut de l'avoir auprès de lui, c'était auprès de la jeune infirmière qu'il se rattrapait. « On a vu aussi le mauvais coté de la méchante reine grâce à elle. En fait, si Blanche-Neige n'avait pas été aussi belle, y'aurait pas eu d'histoire... » C'est vrai que tout virait mal à partir du moment où le miroir décrétait que sa propriétaire n'était plus la plus belle... Et quand on voit la tête de la méchante reine dans le dessin animé, si elle est restée la plus belle pendant un moment, Aedan en est convaincu, le miroir n'avait pas toujours été sincère avec elle... Ou alors elle avait lancé à la population féminine une terrible malédiction pour rendre les autres femmes hideuses, y'avait pas d'autres solutions. Comment cette sorcière avait pu un jour avoir été la plus belle autrement ? Même intérieurement, elle ne l’était pas.  « Je déteste la méchante reine. Elle faisait vraiment peur » Enfin, il faut dire qu'elle fait rien non plus pour qu'on l'aime, avec ses caprices. Le petit garçon avait repris un peu son sérieux en apprenant que son interlocutrice était toujours célibataire. Si elle ne le lui avait pas dit elle-même, il ne l'aurait jamais cru. Elle avait l'air tellement gentille, c'était étrange que personne ne la remarque. « Ou alors, il s’est juste trompé de princesse… Ou bien, ton dragon à toi est vraiment très dur à battre parce que tu mérites un prince différent de tout les autres. Un encore mieux que tout ceux qui existent et qui serait prêt à tout pour arriver à t’avoir… » C’était peut-être ça, le nœud du problème. Il est bien rare de trouver des personnes qui donnent volontairement du temps pour les autres, même pour de parfaits inconnus et Jayleen en donnait sans compter. Sans elle, à part des bruits de pas dans la chambre dans laquelle il se trouvait, et des discussions lointaines, il n’aurait pas eu beaucoup de présence auprès de lui. Elle l’avait quelque peu aidé et stimulé à tenter de s’en sortir et aujourd’hui, s’il s’était réveillé, c’était en grande partie grâce à elle. Il avait vraiment eu envie de voir à qui appartenait cette voix qu’il avait tant de fois entendue, parfois de manière lointaine, et qui ne semblait pas se lasser de lui raconter ces contes qu’Aedan appréciait tellement d’écouter. « Je suis sûr que tu le trouvera un jour. Et si un jour tu as des enfants, tu seras après ma maman, la meilleure pour leur raconter des histoires. » Sa maman, c’était tout ce qu’Aedan possédait. Bien sûr, il savait qu’il avait un père quelque part, mais il ne le réclamait pas. Seule la présence de sa mère lui suffisait, car elle, depuis le début, elle avait toujours été là. Et dans l’esprit du petit garçon, elle le serait toujours. Aussi, il ne s’était pas attendu le moins du monde à la nouvelle qui allait suivre. Sa mère n’était plus de ce monde ? Non, ce n’était pas possible, elle avait toujours promis qu’ils resteraient toujours ensembles. Elle n’avait pas le droit de partir maintenant, c’était bien trop tôt, Aedan avait encore tellement besoin d’elle. Les paroles du médecin avaient eu pour le petit garçon l’effet d’une véritable douche froide, et c’est totalement consterné qu’il le regarda s’en aller avant de reporter son attention sur Jayleen, avec l’espoir intérieurement qu’elle lui dise qu’il s’était trompé, mais malheureusement, au simple fait qu’elle lui prenne la main en guise de soutien, il avait compris que cette révélation ne sortirait pas de sa bouche. Son regard se baissa alors instantanément sur son plateau repas que l’infirmière venait de lui poser juste devant lui, mais après l’annonce d’une telle nouvelle, pensait-elle réellement qu’il serait capable de manger ? Il n’en avait vraiment pas le courage, son esprit étant trop occupé à se poser de multiples questions. Qu’allait-il devenir ? Pourquoi ne l’avaient-ils pas laissés partir lui aussi rejoindre sa mère si elle n’avait pas survécu ? Pourquoi l’avoir gardé en vie ? Comment allait-il faire sans elle ? Tout cela le rongeait vraiment beaucoup, et pourtant, il s’éfforçait de ne pas craquer devant la jeune femme assise auprès de lui. Bien qu’il soit complètement décontenancé, ses larmes, il les gardait pour lui autant qu’il le pouvait, même si ce n’était pas simple. Immanquablement, il s’était mis à avoir peur, sans sa mère, il n’avait vraiment plus de repère. Il aurait aimé aller la voir, juste une dernière fois, mais à en croire le médecin, il était resté plusieurs jours dans le coma… Impossible donc qu’elle soit encore à l’hôpital si elle n’avait pas survécu à l’accident. « Elle avait promis qu’elle serait toujours là… » Certes, ce n’était pas de sa faute si elle n’était plus de ce monde, mais le petit garçon s’était tellement accroché à ses paroles qu’une vie sans sa mère lui paraissait totalement impossible. Et pourtant, il serait bien obligé de vivre sans. Doucement, il recula un peu son assiette sur son plateau, refusant d’y goûter et releva son attention sur Jayleen. « Je crois que j’aurais dû ne pas survivre . Je voulais rester avec elle. C’est pas juste. »

Sa mère avait toujours été la seule personne qui avait été présente pour lui. Il connaissait son histoire, savait que ses grands-parents maternels l'avaient mises à la porte de chez eux alors qu'elle était enceinte de lui et depuis, ils n'avaient jamais pris de nouvelles de leur fille, ni de leur petit-fils. Aedan savait également que son père ignorait son existence, ce n'était donc pas lui qui risquait de se pointer à l'hôpital pour tenter de faire connaissance avec son fils. Il n'avait eu qu'elle pendant dix ans. Et à présent qu'elle n'était plus de ce monde, qu'allait-il se passer? Il aurait tout donné pour avoir droit à un câlin de sa part, pour pouvoir la serrer fort contre lui encore une fois. Tout deux avaient été si fusionnels. Du haut de ses dix ans, Aedan avait aimé veiller sur elle, être le seul petit homme de sa vie. Il n'avait même pas pu lui dire aurevoir, elle devait très certainement reposer déjà au cimetière à l'heure qu'il était. Lui qui avait dès son plus jeune âge souvent espérer devenir un enfant perdu persuadé qu'il pourrait s'amuser avec son personnage de conte préféré toute la sainte journée regrettait d'avoir rêvé d'une telle chose. Cela n'a rien de chouette d'avoir tout perdu.

Il retenait ses larmes, autant qu'il le pouvait, alors que sous l'émotion qu'il ressentait en ce moment, il avait l'impression que son coeur était en train de se tordre tout seul. Les mots de Jayleen le rassurait quelque peu, heureusement qu'elle était là pour lui. Machinalement, il avait resserré un peu sa main dans la sienne, ayant peur qu'elle le laisse seul à son tour. Non, il n'avait vraiment pas envie de rester seul, surtout dans un moment pareil. Elle était ce qui ressemblait le plus à une présence maternelle, comme elle l'avait été tout au long de son coma. Il avait besoin d'elle.  « Je veux que tu restes avec moi. » Le temps qu'il aille mieux, ou du moins, un peu mieux. Il la regarda un instant les yeux pleins de larmes, sans la moindre rancune à son égard. De la rancune, il en avait surtout pour le conducteur d'en face, celui qui était responsable de l'accident, et qui lui continuait sa vie comme si rien ne s'était passé. La vie était injuste tout de même. Plus le temps passait, et plus elle lui semblait injuste en tout cas, et c'est tout naturellement que ce qui devait arriver arriva: ses larmes finirent par rouler toute seule sur ses joues après un battement de paupières de sa part alors que Jayleen lui parlait de sa maman. Il avait fait un petit oui de la tête et lui rendi un petit sourire, enfin, il ne savait pas si ça avait été vraiment un sourire sur ce coup là: son corps était secoué par les sanglots et lui qui avait tant cherché à retenir ses larmes ne pouvait à présent plus s'arrêter de pleurer. Tellement que ca en devenait difficile pour lui de parler, mais il se repris un peu pour parvenir à glisser quelques mots. « J'espère qu'elle sera tout le temps là, même si je peux plus la voir... Elle va me manquer... » Et quoi de plus normal après tout, on peut avoir n'importe quel age, une maman, c'est irremplaçable. Mais savoir qu'elle resterait là à veiller sur lui le rassurait quelque peu. « Je sais pas ce que je vais faire sans elle. On était toujours que tout les deux avant. Mon papa, je le connais pas et il sait même pas que j'existe. Et mes grands-parents, je les ai jamais vus. Qu'est ce qui va se passer maintenant? Je vais devoir aller dans l'un de ces endroits comme on voit à la télé, où des parents viennent adopter l'enfant qu'ils veulent avoir?  » C'est vrai que les orphelinats tels qu'on les voit dans les films sont fort clichés et Aedan était inquiet à l'idée de devoir en intégrer un. « Mes grands-parents sont venus pour me reprendre ?» Il n'en savait rien, mais à choisir, il préférerait éventuellement cette situation là.