Se sentant étouffer dans cette salle remplie de gens qu’il ne connaissait même pas, Christopher proposa à Micka d’aller prendre l’air. Il voyait en cette proposition un moyen de se dérober, en quelque sorte. S’il était là ce soir, c’était uniquement pour faire plaisir à son amie et colocataire qui l’avait tanné pendant des semaines entières pour qu’il accepte son invitation. Mais même s’il n’était pas seul ce soir, cela ne l‘aidait pas spécialement à se sentir à l’aise. « Allons-y ! » s’exclama alors Lena, arrachant un sourire au britannique qui s’empressa de la suivre pour s’engouffrer sous le tunnel qui les séparait de la plage.

Christopher admira la jeune femme pendant quelques instants, souriant en constatant qu’elle semblait retomber en enfance. En effet, elle retira ses chaussures et tourna même sur elle-même en admirant le plafond étoilé au-dessus de leurs têtes. Lorsqu’elle lui fit remarquer que tout cela était magnifique, Chris hocha la tête mais il ne perdit pas de vue son objectif : sortir. Ce ne fut qu’une fois dehors qu’il s’autorisa vraiment à souffler. « Ca va mieux ?  » questionna alors Lena alors que le jeune homme s’autorisait lui aussi à retirer ses chaussures pour être plus à l’aise. « Beaucoup mieux ! Je… désolé, mais j’aime vraiment pas toute cette agitation… » s’excusa le policier en grimaçant légèrement, tout en avançant sur la plage aux côtés de Mickaëla. Après quelques instants, il décida de s’asseoir à même le sable pour admirer la mer et les vagues qui s’écrasaient non loin d‘eux, tout simplement pour profiter du calme et de la sérénité que lui apportait ce spectacle. Il ne cherchait pas à entretenir une quelconque conversation, tout simplement parce qu’il n’en avait pas besoin. Un simple regard en direction de Lena lui fit afficher un sourire, avant qu’il ne replonge ses yeux vers la mer en soupirant.

Après s’être excusé pour son manque de sociabilité, Christopher s’autorisa finalement à être un peu plus détendu. Loin de la foule, il se sentait presque revivre… Au moins, il pouvait respirer et le décor était tout simplement sublime, ce qui n’enlevait rien au charme de la situation. Le bruit de la mer avait quelque chose d’apaisant, si bien que le jeune homme ferma même les paupières quelques instants pour en profiter au maximum. Mais il n’en oubliait pas Micka pour autant ! Et cette dernière ne tarda d’ailleurs pas à briser le silence… d’une manière plutôt inattendue : « Je...j'ai croisé Owen la dernière fois... » lâcha la jeune femme comme ça, sans prévenir.

Bouche bée, Christopher commença par froncer les sourcils sans savoir quoi dire, puis tourna finalement la tête vers Lena en lui lançant un regard rempli d’interrogations. « Quoi ?! » laissa-t-il échapper sans même le vouloir. « C… comment ça ? Comment tu as pu le croiser, tu veux dire que… il est en ville en ce moment ? » Chris ne pouvait tout simplement pas le croire. Owen n’allait tout de même pas leur faire ce coup-là, si ? Pas maintenant qu’ils commençaient tous les deux à trouver un certain équilibre, et à se reconstruire de nouvelles vies respectives ! « Est-ce que vous avez parlé ? » questionna le jeune policier avec autant de curiosité que de crainte dans la voix.

La révélation de Mickaëla avait longtemps résonné dans la tête du jeune policier, comme si elle lui paraissait irréelle. Jamais il n’aurait pu croire qu’Owen referait son apparition dans la vie de Micka et Lilly, et par la même occasion dans la sienne. Il était son ami de toujours mais ces derniers temps, Christopher ne le comprenait plus. Pire, il avait bien du mal à lui pardonner le fait d’avoir abandonné Lena et sa fille, crachant par la même occasion sur la vie dont le britannique avait toujours rêvé auprès de Betty. La mort de sa compagne l’avait fait murir, en quelque sorte, et il lui semblait aujourd’hui ne plus rien avoir en commun avec son ami d’enfance. Pourquoi revenait-il d’ailleurs ? Avait-il fini par regretter sa décision ? Par se rendre compte de l’énorme erreur qu’il avait faite en quittant les deux femmes de sa vie ? Quoi qu’il en soit, son retour semblait chambouler Mickaëla et c’était d’ailleurs tout à fait compréhensible. Chris lui-même ne savait pas trop comment appréhender la nouvelle, et s’empressa de questionner la jeune femme sur cette rencontre pour le moins inattendue.

« Pas vraiment...il a demandé des nouvelles de Lilly, m'a demandé si on pouvait sortir pour se parler et...je me suis enfuie... » répondit-elle, honteuse. Aussitôt, une petite grimace prit place sur le visage du policier, qui eut l’impression de vivre le malaise que Lena avait ressenti en rencontrant Owen. Puis, la jeune femme aborda le sujet de Lilly et cette fois, Chris se tourna pour tenter d’accrocher son regard. « Tu devrais attendre un peu… Enfin, elle se ferait une joie de le savoir ici mais… qu’est-ce qu’il fait ici au juste ? Est-ce qu’il t’as dit pourquoi il était revenu ? » questionna le jeune homme, alors que sa voix trahissait une certaine appréhension sans qu’il ne puisse l’en empêcher.

Christopher était totalement déstabilisé et pourtant, il tentait par tous les moyens de ne pas le montrait. Il y parvenait d’ailleurs plus ou moins bien, si on faisait abstraction du son de sa voix qui le trahissait à chaque fois. Une sorte de fébrilité l’avait envahi, une impression étrange de crainte lorsque Lena lui avait annoncé le retour de son ami. Quelque part, Chris avait peur qu’il ne vienne chambouler de nouveau la vie de Micka, et donc la sienne. Et puis il y avait l’adorable petite Lilly, qui méritait définitivement mieux qu’un père qui répondait aux abonnés absents. Et justement, d’après le récit de Mickaëla, Owen était revenu pour la petite fille… et seulement pour elle. Sans qu’elle ne dise quoi que ce soit de plus, le britannique décela dans l’attitude de sa voisine une profonde blessure, presque une vexation de ne pas avoir eu plus de considération de la part de son ex-mari. Et en constatant cela, une sorte de colère doublée d’une profonde tristesse vinrent envahir Christopher. « Il n'a même pas demandé de mes nouvelles... » ajouta Lena, sans pouvoir empêcher quelques larmes de lui monter aux yeux. Un léger soupir s’échappa des lèvres du policier, qui s’apprêta à lui dire qu’il était désolé. Mais la jeune femme le devança en secouant la tête. « Bon sang je suis ridicule ! » lâcha-t-elle finalement, tentant elle aussi de ne pas se laisser submerger par ses émotions. Ais malgré ses tentatives, Chris y voyait clair dans son jeu. Et il n’hésita d’ailleurs pas à passer un bras rassurant autour de ses frêles épaules. « Hey… tu n’es pas ridicule Lena, c’est normal de réagir comme ça… Il… je ne sais pas à quoi il joue, mais il n’a clairement pas le droit de te faire ça. Tu ne sais pas si il compte rester longtemps ici j’imagine ? Je… devrais peut-être aller le voir… »

Chris n’avait pas hésité un seul instant à entourer Micka de son bras afin de lui manifester tout son soutien et sa compassion. Et ce fut donc tout naturellement que la jeune femme vint se blottir contre lui en posant sa tête contre son épaule. Des larmes roulaient sur les joues de Lena, et le policier aurait aimé pouvoir faire bien plus pour elle. Mais comment pouvait-il s’y prendre ? Il n’avait en réalité pas d’autre choix que de jouer son rôle d’ami à fond, et d’être là pour elle… tout simplement. Pourtant, il sentait que ce problème le concernait aussi, et pour cause. Owen n’était autre que son meilleur ami, et ils seraient certainement amenés à se recroiser. Ils DEVAIENT se recroiser, car Chris avait une multitude de questions à lui poser. Il voulait comprendre, comprendre comment il avait pu abandonner sa femme et son adorable fille. Et à présent, Chris voulait aussi connaître les raisons de son arrivée à Savannah. Mais visiblement, Lena n’était pas de cet avis, et s’empressa de le lui avouer : « ...C'est mon souci...je...j'ai pas envie qu'il devienne le tiens...»

Acceptant rapidement la proposition de Mickaëla qui consistait à marcher un peu, Chris attrapa ses chaussures d’une main et se mit en route tout en soupirant. Il n’en oubliait pas pour autant leur conversation et même s’il savait que la jeune femme voulait passer à autre chose, il ne put s’empêcher de reprendre : « Tu sais, c’est mon soucis aussi… je veux dire, Owen était mon meilleur ami, toi tu vis avec moi, Lilly aussi… je ne peux pas te laisser seule là-dedans, je ne peux pas rester sans rien faire alors que je meurs d’envie d’aller m’expliquer avec lui… Je refuse que tu prennes tout pour toi, tu… tu peux compter sur moi quoi qu’il arrive. »

Même s’il n’était pas directement concerné, Christopher prenait toute cette histoire très à cœur. Tout d’abord parce qu’il s’agissait d’Owen. Mais aussi et surtout parce qu’il était particulièrement attaché à Micka, d’autant plus depuis qu’ils partageaient le même toit à Savannah. Même si ce n’était pas vraiment le cas, il avait aujourd’hui l’impression de la connaître par cœur, et de partager tout ce qu’elle vivait, que ce soit des joies ou bien des peines. Pa conséquent, le fait de la voir triste et blessée comme ça était tout bonnement insupportable pour le jeune policier, qui ne tarda pas à reprendre la parole pour la rassurer. Il lui fit comprendre que son problème n’était pas uniquement le sien, et qu’elle avait tous les droits de le partager avec lui. De cette manière, il pourrait la soutenir et l’aider comme il se devait. Quoi qu’elle fasse, Chris ne lui laissait de toute façon pas vraiment le choix : il ne la laisserait pas seule face à Owen, quoi qu’il arrive.

Mickaëla ne disait rien, mais ralentissait au fur et à mesure que son ami avançait dans son discours. La jeune femme finit d’ailleurs par stopper sa course et afficha même un léger sourire à l’attention de Chris qui s’empressa de le lui rendre. Puis, sans prévenir, elle s’approcha de lui et passa ses bras autour de son coup pour l’enlacer. « Merci Chris... » murmura-t-elle, arrachant du même coup un nouveau sourire au britannique qui se contenta de l’entourer lui aussi de ses bras. « C’est normal Lena, j’te laisserai pas toute seule… » confirma Christopher avant de se détacher lentement de la jeune femme, et de reprendre d’un ton qui se voulait plus léger : « Allez, continuons un peu, et puis on ira voir ce que fait Lilly là-bas… »