- Abigaïl Sky Hodgkins ! Tu as intérêt à te bouger les fesses ou c’est moi qui viens te chercher !!!

La voix tonitruante de Zachary retentit dans la villa des Hodgkins, faisant trembler les murs…Du moins c’est comme ça qu’Aby le ressent. Roulée en boulle dans son lit, la couette par-dessus la tête, la brunette ronchonne, feignant de ne pas entendre un mot. Elle n’avait pas envie de sortir. Elle n’avait envie de rien. Absolument rien, hormis rester là, sous sa couette, dans le noir et le silence. Depuis le début de la semaine, la jeune femme était dans une de ses périodes ou rien ne lui faisait envie. Amorphe et démotivée, elle passait le plus clair de son temps enfermée dans sa chambre, dans le noir. Son médecin lui avait sorti un super certificat pour justifier ses nombreuses absences en cours et au boulot, au risque de mettre son année en péril, mais elle s’en fichait royalement. La période des fêtes était toujours une période délicate pour Aby. La magie de Noël n’avait jamais vraiment touché le cœur d’Aby. Elle est née le 23 décembre, autrement dit, sa mère est morte un 23 décembre. Au lieu d’être une réjouissance, le rappel de la naissance de ce petit bout de choux (pas du petit Jésus hein, on parle bien de Sky là), Noël rappelle à tout le monde l’absence de cette mère tant aimée, ce que papa Hodgkins faisait bien sur payé à la petite fille. Au programme de Noël donc, la famille se regardait dans le blanc des yeux, en compagnie de leurs amis : morosité, tristesse, rancœur et reproches…de moments merveilleux, pleins d’amour et de tendresse. Heureusement cette année, son père et William, son plus grand frère, étaient absents pour les fêtes de cette année…voyage d’affaire apparemment. Aby était donc seule dans cette immense maison avec son frère Zach, qui portait à bout de bras sa petite sœur, malade et plus que déprimée…Encore de bonnes fêtes en perspective ! Elle ne peut s’empêcher de repenser à son meilleur Noël, il y a 3 ans de cela, en compagnie de Liam, ce qui la plonge encore un peu plus dans sa dépression…cette sortie à la patinoire quelques jours avant, leurs promenades dans le village de Noël et ce repas, rien que tous les deux au coin du feu…c’était fou comme il pouvait lui manquer. A cette simple pensée, elle remonte un peu plus encore la couette sur sa tête, bien décidée à ne pas sortir de là. C’est alors que la porte s’ouvre à la volée et que la voix de Zach rompt le silence pesant de la pièce.
 
- Aby lève-toi s’il te plait…on a un programme serré… Elle ne répond pas, espérant qu’il croirait qu’elle s’était endormie et aurait pitié d’elle. Mais des bruits de pas se font alors entendre, juste avant que la couette ne s’envole de son lit. Elle ronchonne de plus belle et peste sans retenue

- Putain Zach ! Qu’est-ce qui va pas chez toi ? Je dormais !!! Zach se dirige ensuite vers la fenêtre de la chambre et ouvre brutalement les volets.

- Aller bouges toi marmotte ! Elle plisse les paupières, éblouie par la lumière du jour qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps, alors qu’elle proteste de plus belle, refusant de sortir de son lit. Elle n’avait ni l’envie, ni l’intention de sortir de là.

- D’accord… Il s’avance d’un pas décidé, la saisit par la taille et la hisse sans peine sur ses épaules, un peu comme un sac à patate. Elle proteste, se débat, agite ses bras et ses jambes espérant le faire céder, mais rien n’y fait.

- Repose moi tout de suite ! Le jeune homme avance inexorablement vers la salle de bain de sa sœur, pousse le rideau de la baignoire, la jette dedans, toute habillée et ouvre le jet d’eau froide sur sa tête. Elle hurle de plus belle, tandis qu’il se met à rire

- Aller, lave toi et habille toi chaudement, on part dans 20 minutes ! Elle tourne rapidement le thermostat histoire de réchauffer l’eau, râle encore un peu, puis se résigne. Il ne la laisserait pas tranquille, elle le savait. S’il y avait bien quelqu’un de plus obstiné qu’elle, s’était bien son frère. Elle ôte donc ses vêtements et entreprend de se préparer, l’air fermé. Elle irait là où il voulait, mais elle avait bien l’intention de lui faire sentir que c’était totalement contre sa volonté !
Assise sur un banc, les bras croisés sur sa poitrine, Aby regarde son frère se débattre pour lui passer des patins aux pieds. Parmi toutes les activités faisables au mois de décembre, il avait fallu qu’il la traine dans une patinoire. Elle avait beau protester, il refuser de l’écouter. Elle ne pouvait pas lui dire que se retrouver sur la glace, comme avec Liam, était bien trop douloureux pour elle, elle perdrait la face…elle ne cessait de clamer haut et fort qu’elle n’en avait plus rien à faire de lui, que c’était du passé, que leur amitié était terminée et que ça lui convenait très bien, mais…la vérité était bien différentes. Son coeur saignait à chaque fois qu’elle pensait à lui ou qu’elle avait le malheur de tomber sur quelque chose qui le lui rappelait. Elle ne compte plus le nombre de fois où elle croit le croiser en ville, ou voir son visage, dans ses crises un peu délicates…

- Zach…s’il te plait…allons ailleurs. Promis je ne râlerais pas… Supplie-t-elle, persuadée de le convaincre.

- On ira ailleurs après Aby…il faut que tu te dépense un peu ! Répond-t-il en terminant de lacer son patin droit.

- Aller, debout ! Il la saisit par les mains, l’incitant à se lever, puis pose ses deux mains sur ses épaules et la regard de ce regard paternel dont il avait le secret.

- Ça me fait plaisir de passer ce moment avec toi sœurette…ne me gâche pas mon plaisir…Il se penche ensuite, pose un baiser sur sa joue et l’entraine sur la glace. Elle l’y suit docilement, culpabilisant un peu de son comportement. À l'instant même où elle pose le pied sur la glace, elle tente de lutter contre les souvenirs qui lui viennent immédiatement en mémoire. Face au sourire réjoui de son frère, elle se fait violence et esquisse un faible sourire en réponse, avant de s’élancer sur la glace. Après un tour à peine, une petite fille déboule d’on ne sait où et se heurte légèrement aux jambes d’Aby. Elle s’excuse et poursuit son chemin, tandis qu’Aby tente de retrouver l’équilibre, en vain. Elle trébuche et est rattrapée in extremis par un passant.

- Oula ! Ca va ? Lui demande alors celui qui a évité une rencontre douloureuse entre la glace et son postérieur de jeune femme maladroite. Une fois perchée sur ses patins, elle tente d’arranger les mèches ondulées qui se promenaient devant ses yeux, avant de remercier son sauveur. Le visage qu’elle découvre à l’effet d’une dague en plein cœur. Était-ce là une autre de ses hallucinations ? C’était fort possible. Quoi que, elle n’y était plus sujette depuis bien deux semaines environ. Par précaution, elle tend le bout de ses doigts en direction du jeune homme afin de s’assurer de sa présence face à elle. Au contact de sa peau, elle frissonne. Il était bel et bien réel. Liam était là, juste devant elle, debout sur la glace de Savannah. Elle ramène sa main à ses lèvres qu’elle tripote nerveusement, stupéfaite de ce qui se passait sous ses yeux.  

J'ai toujours cru que fuir était la meilleure solution. Je crois que ce défaut se transmet de père en fils .. Après ces années à Atlanta avec Abby, je n'avais pas la force de lui dire au revoir. Toutes ces années à ses côtés avaient été si parfaites. Je crois qu'au fond, j'avais tellement peur de partir, de voir ce que je laissais derrière moi, qu'il était plus "simple" de ne pas se retourner, de ravaler mes larmes et de ne pas lui montrer que moi aussi j'étais effrayé de partir loin d'elle. Je ne me souvenais pas ou peu de ma vie avant elle, elle m'était devenu vitale en quelque sorte. Ça aussi c'est effrayant, comment quelqu'un peut-il devenir vitale ? En tout cas, tout ce que je sais, c'est que Abby l'était devenu pour moi. Je m'avoue complètement perdu, était-ce de l'amour ? De l'amitié ? Sûrement un peu des deux.

Chaque jour depuis mon départ je m'en voulais de ne pas avoir tenu tête à mon père, de ne pas avoir trouvé une solution pour rester auprès d'elle. La nuit sa voix me hantait, je m'entendais rire et murmurer mon prénom en chantant cette chanson : "I won't give up". En effet Abby, je n'aurai jamais du renoncer. J'aurai du faire face à mes sentiments comme n'importe quel homme digne d'elle l'aurait fait. Au lieu de ça, je suis partie sans dire au revoir, sans même me retourner. J'ai simplement fermé la porte, sans un mot. J'ai pourtant essayé de rattraper mon erreur avec toutes ces lettres, mais chaque mot à son égare était une torture. J'aurais aimé tout envoyé balader, prendre le premier avion jusqu'à elle, mais je n'en ai pas eu le courage et maintenant je le regrette. J'aurais du faire, dire des tas de choses qu'il est malheureusement préférable de taire, maintenant que le mal est fait. Je me demande parfois ou on en serait si j'étais resté, mais cette pensée me blesse.

J'ai donc tout simplement repris ma vie ailleurs, sans arriver à l'oublier. J'ai transformé mon coeur en pierre pour que seul le souvenir d'Abby y reste, et que plus personne ne prenne sa place. Un jour j'ai craqué, j'ai pris le premier avion pour Savannah dans l'espoir de la retrouver. Et maintenant que je suis enfin là, que je suis installé seul dans un super appartement, que mon dossier à la fac à été accepté et que je n'ai plus qu'à tout faire pour la retrouver, je sens cette boule au fond de mon ventre qui se noue chaque fois que je m'imagine nos retrouvailles .. J'ai peur qu' elle me rejette tout simplement, et elle aurait de quoi. Je suis partie sans li dire au revoir, je l'ai abandonné au moment ou je sentais que je l'aidais le plus, j'ai arrêté de donner des nouvelles et je me suis tapé le plus de fille qu'il est possible en 5 mois, juste pour oublier son visage. Je ne mérite pas de pardon.

Je ne pouvais cependant pas passer mes journées à me lamenter comme je l'avais fait ces derniers mois. Il fallait que je me change les idées pour trouver enfin le courage de lui parler. La meilleure solution qui me sauta aux yeux fut la patinoire. Abby et moi y allions souvent à Atlanta. Elle adorait ça et moi j'adorais la voir heureuse. J'avais donc décidé de chausser mes patins et de me laisser glisser pour chasser cette angoisse qui m’empêchait de dormir depuis maintenant quelques jours. Une fois sur la glace, je me sens à nouveau à ma place, je me laisse aller, m'accordant un moment de répit. Tout à coup une petite brune arrive droit dans mon champs de vision à la limite de se retrouver les fesses par terre, je la rattrape à la dernière minute, l’empêchant de de se faire mal. Je lâche un petit : « Oula ! Ça va ? » surpris de l'avoir vu arriver aussi vite. Au moment ou la jeune femme enlève les mèches de cheveux de son jolie visage, mon visage se crispe et mon sang ne fait qu'un tour. Je sens mon rythme cardiaque accélérer et mon regard se fige sur elle. « Abby ! » Je suis choqué, complètement désemparé. Ce n'est pas comme ça, ni ici que j'avais imaginé nos retrouvailles. Je pensais à une situation un peu plus en douceur .. Je ne savais pas vraiment quoi dire, quoi faire, comme toujours ..

Une seconde. Juste une seconde. Il n'y avait suffi que d'une seconde pour qu'Abi se sente de nouveau affreusement mal. Une seconde pour que toutes ces angoisses, toutes ces craintes, toutes ces nuits sans sommeil, reviennent à l'ordre du jour. Une seule seconde pour que tous ces souvenirs, ces bons moments, ces éclats de rires, ces soirées, ces câlins...lui reviennent en mémoire, avec une violence sans nom. Tous ces efforts pour tout oublier, pour ne plus ressentir ce manque, ce vide immense qu'il avait laissé étaient vains à présent. Son regard affolé détaille encore et encore les traits de son visage, traits qu'elle connaissait pourtant par coeur, malgré tous ses efforts et sa volonté de les oublier. Ses yeux d'un bleu, magnifique, si magnifique, dans lesquels elle adorait se plonger, sans la moindre trace de retenue, lui lacéraient littéralement le coeur à présent, le transformant en charpie. Un seul instant, une minime fraction de vie, voilà ce qui avait suffi à faire sa vie basculer de nouveau.

Elle tentait de l'oublier, d'oublier leur vie à deux, d'oublier ce monde qu'ils s'étaient créés dans lequel il n'y avait de place que pour eux deux. Elle était persuadée d'y être parvenue, ou du moins, d'être sur la bonne voie. Ok, elle croyait parfois le croiser en ville, mais elle mettait ça sur le compte de la confusion dans laquelle sa maladie pouvait parfois la plonger. Zach l'incitait à reprendre sa vie, là où elle s'était arrêtée avant son départ pour Atlanta, bien décidé à éradiquer Liam de la vie de sa petite soeur mais... Il avait été son univers, son tout pendant si longtemps. Elle ne parlait qu'avec lui, que de lui, ne voyait que lui, ne respirait que lui, elle n'avait besoin que de lui. Il détenait la clé de son bonheur, mais également celle de son malheur. C'était cette dernière qu'il avait décidé d'utiliser en l'abandonnant, en ne donnant plus de nouvelles, en l'occultant de sa vie de la sorte, lui faisant très clairement comprendre, que tout ce qu'ils avaient vécu n'avait plus aucune valeur à ses yeux. Elle n'était plus rien pour lui, elle n'aurait plus le plaisir de le voir sourire, de l'entendre rire, de se blottir dans ses bras quand elle n'était pas bien, de sentir son odeur si rassurante... Il était son meilleur ami, son confident, son âme soeur, son amour ? Elle n'en savait rien. Tout était bien trop confus dans son esprit pour qu'elle ne parvienne à défaire ce noeud inextricable de sentiments. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'il était son oxygène et qu'elle souffrait d'asphyxie depuis son départ.

Elle déglutit avec peine, alors que son regard - qui ne peut toujours pas se détacher de ce visage - s'emplit rapidement de larmes. Comment ce visage qui la rassurait, l'apaisait, ce visage qu'elle aimait tant et qu'elle pouvait regarder et caresser des heures sans s'en lasser, comment ce visage donc, pouvait aujourd'hui susciter autant de crainte et de souffrance ? La vie est quand même drôlement faite n'est-ce pas ! Elle était terrorisée, apeurée, affolée. Elle n'était pas préparée à ça. Revenant lentement à elle, elle réalise que la main de Liam est encore posée sur son bras. Ce contact physique était comme une brulure vive, trop vive et insupportable pour elle. Elle se dégage violemment, manquant une fois de plus de tomber. Elle s'accroche de toutes ses forces à la rambarde, au cas où ses jambes la lâcheraient. Elle n'était plus vraiment sûre d'être en capacité de contrôler son corps, alors il valait mieux prendre des précautions.
Tout aussi rapidement, ses traits se durcissent alors qu'elle lance un regard assassin à celui qu'elle aimait tant autrefois.

- Aby ! Elle ferme les yeux, retenant une grimace de douleur. Entendre son prénom sortir de cette bouche était une torture, une torture follement agréable. Malgré toute sa colère, elle ne peut s'empêcher d'apprécier l'entendre de nouveau. Ce simple mot sonnait d'une façon particulière entre ces lèvres-là, comme s'il avait enfin un sens. Mais elle ne pouvait pas l'entendre, pas là, pas maintenant. Ce n'était pas possible. Il avait perdu le droit de l'appeler ainsi, le jour où il a pris la décision de ne plus la contacter. Elle serre la mâchoire, ouvre les yeux et darde son regard incendiaire dans celui de Sam.

- Qu'est-ce que tu fou ici Liam?! Lui demande-t-elle avec une froideur surprenante. À l'intérieur, un cataclysme avait lieu, fait de tornades, ras de marrée, tsunamis et autres catastrophes, plus atroces les unes que les autres. À l'extérieur, un mur, une statue quasi inexpressive, froide, morte. Son coeur bat à tout rompre, tandis qu'elle tente de contrôler son souffle, en vain. Elle qui était littéralement en manque d'oxygène depuis son absence, avait du mal à gérer cette bourrasque si brutale et si inattendue.  

Je n’en croyais pas mes yeux. Moi qui cherchais depuis plusieurs semaines comment j’allais la recontacter. Je me torturais l’esprit pour essayer de trouver comment revenir à elle en douceur, sans me faire rejeter. Pas pour mon ego mais pour mon cœur. A cet instant je me senti complètement stupide. Elle allait croire que j’étais ici, sachant pertinemment qu’elle aussi car les chances de se retrouver dans la même ville était complètement nulle, il était donc logique que je l’ai recherché, mais que je me moquais de la retrouver ou même de m’excuser. Alors qu’en fait, je venais de passer les deux dernières semaines enfermé dans la grande chambre de mon nouvel appartement à penser à elle, à nous. Je cherchais comment m’excuser de mon départ, de mon absence, de mon abandon. Même moi j’essayais de comprendre. Mais parfois un homme agit sans vraiment se comprendre lui-même.

La voir c’est déjà souffrir. Pendant un moment j’ai cru avoir oublié son regard, son visage, ses magnifiques yeux bruns. Mais finalement je me rends compte que ce sont des choses difficiles à oublier même avec beaucoup de volonté. En une fraction de seconde tous nos souvenirs me reviennent en mémoires. Nos moments tous les deux, tous ces choses que j’ai prit du plaisir à faire avec elle, nos balades à la plage, nos rendez-vous à la patinoire. Chaque secondes passée avec elle me revient comme une claque en pleine figure. Quel idiot aurait pu fuir un tel bonheur ? Moi apparemment. J’étais le parfait idiot qui au lieu de rester auprès de celle qui le rendait le plus heureux, à lâchement écouté papa pour fuir un bonheur incommensurable. Je me sentais nul. Encore plus maintenant que je venais d’entrer à nouveau dans la vie d’Abby, d’une façon si indélicate, elle qui était si fragile.

« Qu'est-ce que tu fou ici Liam?! » Ses paroles me glace. Le ton de sa voix et dure, presque un peu méchant. Liam .. mon deuxième prénom que personne ne connaissait à part Abby. Ca faisait très longtemps que je n’avais pas entendu le son de sa voix prononcer mon prénom. Dans sa bouche, ce nom que je haïssais sonnait tellement bien. Elle me l’avait fait aimer, comme beaucoup d’autre chose dans ma vie, et moi je l’avais tout simplement aimé en retour. Je me sentais si mal de la voir comme ça. Je sentais la détresse dans ses yeux, comme si elle venait de voir un fantôme. C’était un peu ça d’ailleurs, j’étais le fantôme d’une autre vie. Une autre vie que je ferais tout pour retrouver tant elle me manque. Je la regarde droit dans les yeux me tenant toujours aux aguaies, au cas où elle manquerait de tomber encore une fois. Je ne sais pas quoi lui dire. Que j’avais envie de patiner alors j’ai traversé la moitié du pays pour venir ici comme par hasard ? Que ça fait deux semaines que je vie ici mais que je ne lui ai rien dit, comme ces deux dernières années d’ailleurs ? Ou alors encore que je suis un gros con, que j’ai réalisé deux ans après l’avoir abandonné à quel point elle me manquait ? J’étais paniqué, et triste qu’on se retrouve ainsi. Je n’arrivais même pas à faire une phrase. Les seuls mots qui sortirent de ma bouche furent : « Tu me manques » à présent, après lui avoir brisé le cœur par mon départ, et après mon retour fracassant dans sa vie, je ne m’attendais à rien d’autre qu’une baffe. Que je méritais vraiment d’ailleurs.