Sasha prit un espèce de carnet, alors qu'elle était dans sa chambre. C'était un cadeau de Noël de sa mère, qui voulait qu'elle puisse se confier. Il fallait se l'avouer, ce n'était pas le tout de parler à ses cousines, il y avait des choses qu'on ne se disait pas...



Je suis née un 04 juillet, le jour idéal, vous trouvez pas ? C'était un peu la pagaille, mais ma mère a réussi à me sortir de son ventre et c'est tout ce qui compte. Mon père a été le plus heureux des papas, enfin au moins aussi heureux que pour ma sœur...
D'ailleurs, autant les présenter : ma mère s'appelle Mary et a 42 ans, elle n'a pas eu une vie facile mais n'a jamais voulu m'en parler. De ce que je sais, mon père l'a aidé en lui demandant de vivre avec lui (il avait un appartement et travaillait déjà). En même temps, Jack a 10 ans de plus qu'elle... Elle est tombée enceinte à 18 ans de ma sœur. Mon père a travaillé un peu plus et ma mère s'est trouvée un petit boulot à côté, histoire de ne pas rester à rien faire. Il a réussi à monter les échelons, tandis qu'elle a arrêté de travailler juste après m'avoir eue... Ils ont tous les deux préféré une bonne éducation pour nous.



En ce début d'année, on m'a emmené voir des cousines en Angleterre. Enfin je ne m'en souviens pas évidemment, mais je le sais de source sûre : entre mes parents, mes cousines et les photos... Mickaëla et Megara se sont occupées de moi d'ailleurs tout le temps que j'y étais, j'avais ma deuxième Maman là-bas. Et j'y suis retournée plusieurs fois dans les années suivantes, évidemment.

J'ai eu accès à l'ordinateur, pour la première fois. Trop cool. Et puis, ça me permettait de parler à mes cousines en Angleterre aussi ... Au final, je me rends compte maintenant que c'était un vieux truc et que je faisais pas grand chose, mais c'était le meilleur jouet que j'avais !
Ouais, je considérais ça comme un jouet; je m'en cache pas. En tout cas, depuis ce moment-là, je me suis plus intéressée du tout à tous mes jouets qui n'étaient pas électroniques. Comme quoi, c'était ma destinée.



Premier téléphone portable. Je l'ai eu avant toutes mes copines et le tout dernier cri, en plus ! Enfin, le dernier cri de cette époque-là, c'est pas tellement... C'est pas la même chose que ce qu'on a, maintenant.
J'étais trop fière, bon je l'avais demandé, c'était pas une surprise, mais mes parents avaient accepté ! Je ne l'ai jamais perdu, même si je ne faisais pas particulièrement attention à mes affaires à ce moment-là, enfin comme tous les enfants qui des fois perdent un stylo ou oublient un cahier de temps en temps... mais mon portable, malgré quelques petites chutes, n'a pas été cassé, oublié ou perdu, nulle part. Mes copines de cette époque étaient jalouses et je me suis retrouvée petit à petit un peu plus seule, alors je suis restée derrière mon écran d'ordinateur, sur lequel j'allais souvent, mes parents me demandaient juste que mes devoirs soient faits et que j'aille pas au lit trop tard.



Changement d'établissement. On avait le lycée et le collège ensemble, enfin au même endroit... Il y avait toujours les mêmes personnes et les mêmes rumeurs sur moi, enfin plutôt une espèce de réputation que je traînais, sans vraiment le vouloir, comme toute réputation, en fait. J'étais donc la geek privilégiée, qui avait tout ce qu'elle voulait pourvu qu'elle le demande à Papa. Je n'ai même jamais tenté de nier ce fait, après tout, j'étais privilégiée oui : mon père était aisé et je profitais de sa fortune, ce qui est toujours le cas. Pour le côté d'avoir tout ce que je voulais, c'était faux, je devais souvent négocier et attendre soit Noël, soit mon anniversaire, voire même demander à ce que le reste de la famille participe à ce que je voulais; mais je n'avais aucun besoin de leur spécifier, ce n'étaient pas leurs affaires. Je ne m'intéressais pas tant que ça à l'informatique en tant que tel, mais je passais du temps sur certains forums qui parlaient de séries que je regardais et de mangas aussi et autre réseau social qui existait à ce moment-là (Facebook).



Ou peut-être que c'était fin 2008... Toujours étant qu'on m'a proposé de m'intéresser à certaines formes de codes informatiques, on m'a appris aussi. Et je trouvais ça vraiment super. Comment ne pas m'y intéresser ? Je trouvais cette forme de langage beaucoup plus simple que celui que je devais utiliser avec toutes ces personnes qui se trouvaient dans mon collège... C'était beaucoup trop difficile pour moi de venir vers eux, même sans cette histoire de réputation, je devenais de plus en plus timide et de moins en moins sociable, alors que je parlais à plusieurs personnes par internet. Je n'y comprenais rien, pas plus que mes parents qui me demandaient pourquoi je n'amenais pas d'amies à la maison ou pourquoi je n'étais pas invitée moi-même... Je ne donnais pas de réponse autre que des haussements d'épaules. Et puis ce n'était plus tellement la période pour s'inviter à se faire des goûters comme on pouvait le faire à l'école. Je parlais à mes cousines, ça me suffisait, même si elles étaient toujours loin... Je parlais de la même façon à mes autres 'amis'.

Le lycée. C'était plus sympa que les années d'avant, un nouvel arrivant a changé la donne par rapport à cette réputation que je traînais qui faisait un peu fuir tout le monde. Jason. Il m'a percé à jour en me disant que j'étais juste timide et on avait un peu le même intérêt pour la technologie. Ordinateur et téléphone portable, on se parlait quelques fois. Quelques fois par semaines tout de même, mais le reste du temps, on se croisait dans les couloirs vu qu'on avait pas toujours cours ensemble, et pour le peu de fois où on se retrouvait dans la même salle, on ne s'asseyait pas à côté l'un de l'autre. Je m'en fichais, il avait trouvé des amis. Parfois je me demandais même s'il n'avait pas honte ou s'il n'avait pas eu pitié de moi... mais il se trouvait que non. Il préférait, comme moi, passer par la technologie pour qu'on se parle.



Et nous voilà, en ce début d'année. J'ai eu mon diplôme l'année dernière, Jason est parti dans une autre université même si on continue de se parler parfois. Je me souviens encore de cette fois où ma mère m'a parlé de lui, elle s'était rendu compte que je pouvais le voir tous les jours et elle me demandait pourquoi je lui parlais par message alors que je pouvais le faire de vive voix. Elle m'avait demandé si je comptais aller plus loin avec lui et je lui avais dit que, de toute manière, il avait une petite amie depuis longtemps alors rien n'était possible, même si je ne souhaitais rien... Je rêve d'amour, c'est vrai. Mais pas au point de vouloir essayer avec n'importe qui.


L'historique de ma vie étant écrit, je vais pouvoir passer au jour par jour.
Alors aujourd'hui, c'est Noël donc...